Par Dr. Nina Fusco, psychologue en chef, Calian
Pour montrer ce que la Journée Bell parlons-en signifie pour moi, je commencerai par vous faire part d’un phénomène que j’observe trop souvent dans mon travail et dans ma vie en général : les personnes qui s’excusent de pleurer. Bien sûr, il est normal de pleurer, et nous ressentons tous ce sentiment de temps en temps. Nous n’avons aucune raison d’avoir honte de pleurer. Alors, pourquoi sommes-nous désolés ?
Elle reflète un sentiment général trop répandu selon lequel nous “n’avons pas le droit” ou “ne devrions pas” ressentir nos émotions. Peut-être parce que nous avons l’impression que nos émotions dérangent les autres, ou qu’elles sont en quelque sorte un signe de faiblesse, ou quelque chose dont il faut avoir honte.
Quelle qu’en soit la raison, ces sentiments contribuent à renforcer la stigmatisation qui entoure la maladie mentale. Une stigmatisation qui peut nous empêcher d’avoir les conversations que nous devrions avoir ou de chercher l’aide dont nous avons besoin, parce que nous pensons qu’il n’est pas correct ou qu’il n’est pas socialement acceptable d’être vulnérable. Au lieu de cela, nous risquons d’intérioriser ces sentiments et de les laisser grandir au fil du temps. C’est un cycle qui se perpétue, prouvant à quel point cette stigmatisation peut être néfaste.
La Journée Bell Parlons-en a un message important à partager sur la sensibilisation, l’acceptation et l’action en matière de santé mentale. Mais je tiens à souligner l’importance de vivre ce message tous les jours de l’année, et pas seulement un seul jour. Nous devons nous efforcer de nous donner, ainsi qu’à ceux qui nous entourent, la permission de ressentir. Nous devons comprendre, par nos pensées et nos actions, qu’il est normal d’exprimer et de réfléchir à notre situation réelle. En accordant ces permissions à nous-mêmes et aux autres, nous commençons à briser ces stigmates, ce qui conduit à des changements qui peuvent être mis en œuvre.
Prenons un exemple de la vie de tous les jours. L’une des questions les plus fréquentes que nous nous posons les uns aux autres est “Comment vas-tu ? Mais combien de fois nous arrêtons-nous pour écouter la réponse ? Ou combien de fois répondons-nous nous-mêmes à cette question de manière réfléchie ? En laissant les gens savoir comment nous allons vraiment, nous leur donnons la permission d’être ouverts – à nous-mêmes, à nos amis, à notre famille, à nos collègues de travail et à bien d’autres. Nous établissons la norme selon laquelle il est acceptable d’être honnête sur ce que nous ressentons. Je mets tout le monde au défi de prendre conscience de la manière dont nous abordons cette question – traitons la question “Comment vas-tu ?” comme plus qu’une simple remarque en l’air.
Alors, parlons-en aujourd’hui, mais surtout, continuons à en parler, tous les jours. Laissons de l’espace et donnons aux autres personnes de notre entourage la possibilité de ressentir, de s’exprimer et de parler. Lorsque nous nous demandons les uns aux autres comment nous allons, écoutons vraiment. Prenons le temps de déterminer ce dont nous avons besoin, qu’il s’agisse de demander de l’aide, de prendre des vacances ou simplement de faire une pause de 15 minutes. Donnons-nous la permission de ressentir. Par ces choix, nous pouvons contribuer à briser la stigmatisation dans notre propre vie et pour ceux qui nous entourent.
A propos de l’auteur : Nina Fusco est psychologue en chef chez Calian. Le 23 janvier, elle a prononcé un discours sur le stoïcisme et la stigmatisation dans le secteur de l’application de la loi, intitulé “The human factor : fostering mental health for police officers”, lors de la conférence sur le leadership policier organisée par l’association des chefs de police de la Colombie-Britannique en partenariat avec l’association canadienne des chefs de police.